Depuis plus d’un mois, la vie de Sandrine avait radicalement changée. Non seulement, son vœu avait fait venir à Booksdale des personnages du monde des contes de fées mais en plus, elle avait développé des pouvoirs magiques. Cependant, elle avait encore un peu de mal à les contrôler, surtout quand elle s’énervait et il faut dire qu’au lycée, ce n’était pas toujours facile pour elle de se maitriser, notamment avec cette peste de Stacy. Celle-ci faisait sans cesse la maligne parce qu’elle était une des élèves les plus populaires du bahut et ça, ce genre de personne, Sandrine ne pouvait pas supporter. Elle avait un très mauvais jugement concernant les populaires. Bon, elle savait qu’il y avait des exceptions mais pour l’instant, elle restait sur ses gardes. Surtout que depuis l’apparition des personnages de conte - elle en était vraiment persuadée - un élève de terminal, Gabriel, n’arrêtait de lui adresser la parole alors qu’elle ne le connaissait pas. Enfin, elle avait comme des souvenirs ajoutés mais au fond d’elle, elle savait que c’était la magie qui avait œuvré pour bien intégré ces habitants venant d’un autre monde. Le jeune homme était sympa en plus d’être populaire et joueur dans l’ équipe de football américain du lycée mais elle restait méfiante. N’importe qui pouvait être un méchant des Contes comme Crochet, la méchante reine de Blanche-Neige ou encore Maléfice.

Dernièrement, elle avait rencontré un type qui se transformait en ours les nuits de pleine lune. Si elle n’avait pas son don de télékinésie, bien qu’un peu instable par moment, elle se serait faite surement dévorée. En effet, elle l’avait pratiquement envoyé valser contre un arbre et sous le coup de la douleur, il avait retrouvé sa forme humaine. L’adolescente ne connaissait pas de conte avec un ours-garou mais elle connaissait un Disney avec un homme changé en ours. Mais ça ne pouvait pas être lui.

Alors que la dernière heure de cours semblait interminable, la sonnerie retendit et tous les élèves poussèrent un soupir de soulagement. La jeune fille n’était pas très fan des mathématiques et elle allait encore demander à Merwin pour les lui expliquer. En sortant du bâtiment, elle se dirigea tout de suite vers la forêt. Elle avait besoin de décompresser et comme sa mère travaillait, elle était tranquille pour un petit moment. Elle aurait bien voulu s’entrainer au tir à l’arc mais ses pouvoirs étaient encore parfois instable et elle devait apprendre à les contrôler. Seule, c’était difficile mais grâce à ce qu’elle avait vu dans la série « Merlin » ou encore dans « Charmed », ça pouvait lui servir de modèle. Elle essaya de créer un feu tout en restant calme. Il lui fallut plus d’une demi-heure pour qu’un feu apparaisse sur des bûches de bois qu’elle avait déposées la veille. Tout à coup, elle entendit un bruit. Une branche qui craqua sous un poids. Qui était ça pouvait bien être ? L’adolescente resta en alerte.

La personne qui avait marché sur une branche ne tarda à se montrer, répliquant ceci « Encore à rôder par ici ? Quelle imprudence … ». Il s’agissait de « Winny l’ourson » comme aimait le surnommait Sandrine mais ça, elle le gardait pour elle-même. Il avait été un peu menaçant lorsqu’elle l’avait découvert sous sa forme humaine mais maintenant qu’elle avait des pouvoirs magiques, elle avait de quoi se défendre. Donc, pour l’instant, elle leva les yeux au ciel. Elle rôdait dans la forêt si elle le voulait.

- Ouais et alors ? C’est le seul endroit où je peux m’entraîner sans attirer l’attention des gens !

Elle faisait également pareil quand elle s’entrainait au tir à l’arc lorsqu’elle n’était pas au club « Les Joyeux Compagnons ».  Elle se concentra à nouveau sur le feu et s’amusa à jouer avec les flammes, créant par moment des images. Il y en a une qu’elle créa : un dragon. Le même que celui de la série « Merlin ». Elle avait adorait cette série et elle avait beaucoup pleuré aussi à la fin. C’était une jeune fille très sensible, surtout qu’elle avait tendance à s’attacher très vite aux personnages. Vous comprenez donc pourquoi elle avait mal pris la mort de Peter Pan dans « Once Upon A Time ». Pour Arthur, tout le monde connaissait sa fin tragique mais pour Peter, c’était inconcevable à ce qu’il meurt !

- Au fait, vous venez de quel conte ou livre ?

Elle ne l’avait pas regardé, les yeux toujours rivés sur le feu dont elle changea les flammes en la forme d’un ours. A part « Rebelle », elle ne voyait pas d’autres histoires mais ce n’était pas un conte mais un Disney original. Du moins, c’était ce qu’elle pensait. Il y avait encore pleins d’autres contes dans des pays étrangers qu’elle ne pouvait pas tout savoir. En Irlande, il devait en avait encore qui n’ont pas été repris par la petite souris.

Arthur : - Tu crois à la magie mais pas qu'un ours-garou puisse exister en vrai ? Entre nous, je ne connais aucun conte avec une telle créature.

- Non, moi non plus ! Un homme qui est changé en ours et qui le reste, oui mais pas un métamorphes qui prend la forme d’un ours à volonté ! La seule histoire qui parle de ça, c’est le Disney « Rebelle » !

Elle avait une idée de qui pouvait être Mérida. Ça ne pouvait être que Lily McGregor selon l’adolescente. Elle était apparue après l’épais brouillard, comme les autres. Elle avait de longs cheveux roux et pratiquait le tir à l’arc en plus d’être pratiquement une experte. Et elle était d’origine Ecossaise, son père avait une prothèse à une jambe et elle avait trois frères triplés. Non ! Elle devait être Mérida. Sandrine en était certaine mais elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire. Pour l’instant, la jeune fille ne semblait pas être en danger. Elle menait une vie ordinaire, ce qui devait surement la changer de sa vie de princesse. Peut-être que le vœu de Sandrine avait rendu service à quelques-uns.

- Dans ce monde, on parle plus d’hommes se changeant en loup les nuits de pleine lune mais en ours !

Elle se tourna vers lui. Elle le vit adossé à un arbre, les bras croisés. A bien regarder, il aurait été le genre de mec qui plairaient à sa mère mais l’idée d’avoir un ours-garou comme beau-père ne lui plaisait guère et elle espéra que sa mère ne tombe pas sous son charme. Après tout, ils devaient avoir à peu prés le même âge. Freya avait 34 ans et c’était une femme très séduisante. Sandrine avait eu quelques beaux-pères mais avec le dernier, bien qu’elle l’adorait, ça s’était mal terminé en sa mère et lui. Selon Marcel - ben oui il s’appelait Marcel - lui avait dit que la jeune femme devait encore aimer un ancien amant. Sande espérait que ce soit son père.

- Mais si vous êtes là, c’est ce que vous devez faire parti d’une histoire !

Elle ne savait pas si elle était la seule à être au courant de ce qui s’était passé, hormis les personnages de contes eux-mêmes mais ils étaient tellement bien intégrés dans ce monde qu’il était difficile de savoir se certains étaient réellement un personnage ou un véritable habitant de Booksdale.

- Oh mais je ne me suis pas présentée la dernière fois même si ça vaut peut-être pas la peine : je m’appelle Sandrine. Sandrine Meyers !

Elle secoua vite la tête car elle avait eu à l'esprit Peter qui se présentait à Emma. Décidément, elle avait ce garçon dans la peau !

Il eut un petit rire amusé avant de répliquer à la jeune fille que s’il venait d’un conte, avec les esprits très restreints des auteurs, il devait être un méchant à moins qu’il vienne d’une légende amérindienne. Cela tenait aussi. Les indiens d’Amérique avaient leurs propres contes qui étaient plus considérées comme des légendes.

- Ouais aussi ! Je connais pas les légendes indiennes mais ça m’étonnerait pas ! Seulement, y a un hic : vous avez un accent un peu English et pas américain ! Peut-être une légende anglaise ou irlandaise ! Ou Highlandaise !

Elle se mit à rire sur le dernier mot. Elle ne s’y connaissais pas trop de ce qui touchait au Royaume-Uni mais elle se doutait que les Britanniques devaient avoir des mythes et légendes en plus de quelques contes comme « Alice au Pays des Merveilles » ou encore « Peter Pan ». Mais il fallait avouer qu’il a plus une tête de méchant que de gentil, même s’il venait peut-être d’une légende amérindienne. Il y a toujours des méchants dans toutes histoires ou légendes.

Sandrine baissa cependant un peu sa garde. Après tout, ils ne faisaient que discuter. Au pire, s’il tentait de s’en prendre sous son apparence humaine, elle pouvait toujours l’envoyer à nouveau contre un arbre. Enfin, il se présenta : Arthur Strongbear. Ce nom lui disait quelque chose mais d’où elle l’avait entendu ? Elle chercha un instant au fin fond de sa mémoire et finit par trouver : c’était le propriétaire de la boîte de nuit le « Bear’s Cave ». Elle en avait souvent entendu au lycée car apparemment, les moins de 18 ans semblaient être autorisés. Mais les boîtes de nuit n’ont jamais rien dit à l’adolescente. Le son est trop fort et t’entends à peine ce que les autres disent. Elle préférait laisser ça à sa mère. Freya était encore jeune et il était normal qu’elle ait parfois envie de sortir et faire la fête. Sandrine était plus casanière que sa mère. Tant qu’elle pouvait être devant sa télé ou son pc, elle était heureuse !

- Ah c’est vous le propriétaire du « Bear’s Cave » ! Au lycée, ils arrêtent pas d’en parler !

Il lui répliqua qu’il était écossais avant de se rapprocher du feu que Sandrine avait créé. L’endroit était idéal pour éviter les regards indiscrets mais la jeune fille avait un peu quelques réponses à ses questions. Enfin ,quelques-unes ! Lorsqu’elle lui fit allusion à ce que ses camarades au lycée disait sur le Bear’s Cave, il esquissa un petit sourire. Il est vrai que sa boîte était très connue, surtout grâce au bouche à oreille des lycéens. L’homme affirma qu’en effet, tous les lycéens y allaient mais il remarqua que ça ce semblait pas être le truc de l’adolescente.

Arthur : - Dommage je suis sur que tu prendrais vite gout au salon antibruit !

- Non, c’est pas mon truc ! Le son est beaucoup trop fort à mon gout et il faut surement gueuler pour se faire comprendre ! Je préfère mieux me défouler dans ma chambre ou dans ma salle de bain !

Il lui arrivait parfois de chanter, quelque soit le moment de la journée. Une chanson qui passe à la radio ou à la télévision et hop, la jeune fille pouvait se mettre à chanter et parfois à danser. Elle adorait chanter mais elle était bien trop timide pour chanter devant plusieurs personnes. La seule personne devant qui elle chantait sans avoir honte, ce n’était rien d’autre que sa mère évidemment. Il n’y avait qu’en famille qu’elle pouvait être elle-même. Mais bizarrement, elle n’était pas toujours timide avec tout le monde. Heureusement d’ailleurs. Mais elle ne faisait pas que chanter, même si personnellement, elle trouvait qu’elle chantait comme une casserole, elle savait aussi dessiner, peintre et écrire. Son plus grand rêve serait d’être écrivaine ! Elle revint sur la nationalité. Quitte à faire connaissance avec lui, qu’il soit un personnage de conte ou pas, autant parler un peu comme des personnes ordinaires.

- Moi, je suis belge mais ma mère est anglaise !

Il lui arrivait parfois d’avoir un petit accent français quand elle parlait anglais mais quelque fois, elle arrivait à le faire disparaître.

Arthur lui demanda alors pourquoi elle était venue à Booksdale, en ajoutant bien sur sans y être indiscret mais cela ne dérangeait à Sandrine qu’il lui pose cette question. Au lycée, on n’avait pas arrêté de la lui poser justement. Les nouvelles têtes intriguaient toujours et les plus jeunes voulaient tout savoir, surtout pour rêver et voyager. L’adolescente avait bien entendu parler de sa ville natale et de son pays mais comme c’était un petit pays, la plupart de ses camarades ne connaissaient absolument pas et ils s’en étaient vite désintéressés. Pendant qu’il s’assit par terre contre un arbre, elle s’empressa de répondre.

- Non, c’est pas indiscret ! En fait , c’est ma mère qui a voulu changer un peu de vie et elle avait vite entendu parler d’un poste libre à la mairie et elle a sauté sur l’occasion ! Ça fait un grand changement mais de mon côté, ça me fait du bien d’avoir changer d’école surtout ! Les adolescents belges ne sont pas différents des autres adolescents mais comme ici, personne ne me connait depuis la primaire, je ne suis pas trop jugée sur mes gouts et compagnie !

A force d’avoir été la tête de turc de ses camarades en Belgique, la jeune fille avait beaucoup souffert et il est vrai que ce changement non seulement de pays mais aussi d’école lui avait fait beaucoup de bien. L’inconvénient, c’était le fait qu’elle ne s’était pas encore fait le moindre ami depuis son arrivée l’été dernier. En même temps, elle n’était pas trop du genre à aller facilement vers les gens, à quelque exception prés. Bizarrement, avec les habitants qu’elle soupçonnait d’être des personnages de conte, elle avait le contact plus facile, sauf s’il s’agissait d’un élève populaire. Habitant du monde réel ou personne de conte ou de livre ou de légende, rien à faire, elle se renfermait et se méfiait automatiquement.

- Avant de venir ici, je ne savais même pas que je possédais des dons !

Elle cessa de jouer avec le feu et commença à faire bouger quelques petites branches pour former une sorte de maisonnette en bois. Pour l’instant, elle s’était découverte deux dons : la télékinésie et la pyrokinésie.

- Au fait, je vous remercie quand même de m’avoir attaquée ce soir-là car j’ai pu découvrir mon second don !

Ironique comme situation. Si elle n’était pas sortie ce soir-là, elle ne l’aurait certainement pas envoyer valser contre une branche.

Arthur : - Ce n'est pas le même souvenir que le mien. Je n'ai pas tenté de t'attaqué. J'ai juste été surpris d'où mon grognement ce jour la. Il me semble que c'est toi qui m'a envoyé valser plusieurs mètres en arrière. Techniquement c'est toi qui m'a agressé.

Là-dessus, il n’avait pas tout à fait tort. Elle avait été tellement surprise de se retrouver face à un ours aussi énorme qu’elle n’avait pas pu contrôler tout de suite son pouvoir de télékinésie. A présent, elle arrive mieux à le maitriser bien que parfois, lorsqu’elle se mettait en colère, ça n’allait plus trop. Et elle l’était assez souvent quand elle était au lycée, parce qu’une telle ou un tel n’arrêtait pas lui faire des misères et sa seule défense était ses pouvoirs. Cela faisait qu’elle se renfermait encore plus qu’avant. Si tout le monde, ceux qui n’étaient pas des personnages de contes ou de légendes, venaient à apprendre qu’elle avait des pouvoirs, elle s’attendait à avoir des réactions plutôt violentes du côté des plus vieux. Pire, ils l’exhiberaient comme une bête de foire, ce qui risquerait de mettre mal à l’aise les nouveaux habitants. Certains se cacheraient sans doute ou d’autres, possédant également des pouvoirs, se révolteraient peut-être. La jeune fille s’imaginait régulièrement les pires situations à éviter le plus possible.

- Désolée mais c’est parce que quelques semaines avant, y a une fille qui avait été attaquée par un ours !

La victime en question était en fait Lily, celle que Sandrine soupçonnait d’être Mérida, la princesse rebelle. Sandrine pensa qu’elle devrait peut-être essayer d’en savoir plus sur les autres nouveaux arrivants, histoire de savoir dire qui était qui ! Pour ce qui était de « Winny l’Ourson », elle n’avait toujours aucune idée de son identité réelle. D’ailleurs, à cause de l’agression de Lily, il était fort déconseillé de se promener seul dans la forêt tant que l’ours n’avait pas été retrouvé mais cela s’était passé de nuit. Cela commença à faire un peut tilt dans la tête de l’adolescente. C’était justement de nuit qu’elle avait croisé Arthur. Mais pour l’instant, elle n’avait pas de preuve que c’était lui. Ça pourrait être, comme il l’a dit plus tôt, un autre métamorphe venant d’une légende indienne par exemple.
C’était décidé ! Elle allait faire une liste des personnages de contes et de légendes avec leur nom et leur nouvelle identité dans le monde réel. Comme ça, elle saura quoi si jamais il se passe d’autres évènements étranges.